Réflexion sur l’apprentissage réflexif = métareflexion ?

ou comme dirait la voisine “C’est bien joli, c’est bien utile mais encore faut-il nous laisser le temps de le faire!”
(Sous-titre : Quand la surcharge de travail au sein du Mastère tue la réflexion)

Une pensée issue de mes lectures pour le mémoire. S. Hadjerrouit dans son essai sur les heurs et malheurs de l’écriture collaborative en ligne (il s’agit d’un projet sur un Wiki) déplore vertement le manque d’engagement et de motivation de ses étudiants, qui au lieu de se livrer à des réflexions communes et des corrections mutuelles tendent à se répartir le travail pour avancer individuellement. Il attribue cavalièrement cette attitude à un désintérêt pour la matière et à une recherche de la note maximale. Propos qui m’ont fait, je l’avoue, bondir.
Je pourrais être l’un de ces étudiants bien légèrement traités.
Bien sûr qu’un étudiant se soucie de sa note ! Et justement parce qu’il est motivé ! Bien sûr que, débordé, il va user d’expédients lui permettant d’obtenir le résultat voulu en économisant un peu de temps !
Plus loin dans sa réflexion l’auteur reconnait l’importance du facteur temps. D’autant qu’avec les outils du Web 2.0 tout à tendance à être noté. Exit la spontanéité d’un post . Le travail universitaire nécessite un certain niveau de formalisme, dans l’expression. Pas question de jeter quelques idées à la volée. Pas d’esquisse, seulement du travail abouti.
Le temps, oui, me parait effectivement une notion essentielle.
Les programmes universitaires sont intenses, ramassés. Entre lectures académiques, rédactions d’essais, mise en places de projets ou de maquettes, reste peu de place pour la réflexion. Non pas qu’elle ne soit pas utile ou qu’elle passe au second plan. Non, certes non ! Mais c’est que pour prendre forme, la réflexion a besoin de temps. Le temps de faire un pas en arrière ou de côté. Le temps de prendre de la hauteur ou de changer d’angle. Un temps qu’on a pas, qui n’EXISTE pas quand on est engagé dans un Master et pour autant qu’on ne soit pas étudiant à plein temps. Projet personnel, professionnel, avec un travail qui compte, tout de même, et une famille qui patiente patiemment avec patience mais un peu moins chaque jour, quand même…
Bref tout ça pour dire que le temps de réflexion, si on veut s’assurer qu’il prenne corps, il faut lui donner une plage, un horaire, un espace, il faut le PRO-TE-GER.
Et pour le protéger  il faut lui donner un échéancier.
Des checkpoint. Alpha, Beta, Charlie, Tango. Autant qu’on peut. A intervalles réguliers. Comme des bornes kilométriques. Car alors, l’étudiant-motivé-uniquement-par-sa-note, Mr Hadjérrouit, sera bien forcé d’écrire, motivé par la peur du tristement célèbre stylo rouge, c’est bien évident 🙂
Plus sérieusement, donner des échéances régulières forceront une et une seule chose, mais quelle chose ! La création des plages de temps de réflexion nécessaires.

Je l’avais oublié (pourtant ce n’est pas si loin) mais être étudiant face à la masse des travaux à rendre, c’est un peu comme de se trouver dans les gants d’un Rocky Balboa, groggy, en face d’un géant russe peu amène, bien décidé à vous faire mordre la poussière. Les gnons pleuvent, on attend autant qu’on craint l’uppercut, la carte heuristique du droit, le crochet en traître du Wiki collaboratif.
Paf !
Bang !
Aïe !!
On ne pense plus, on réagit, par réflexe. On en voit partout des essais, des dossiers, des visios, des rapports. On finit même par les voir en triple, en quintuple. Et on n’entend que la voix de Paulie qui répète “T’as pas mal Rocky ! T’as pas mal ! Vises-en un et butte-le !”

Sur ce ,  je vous tire ma révérence avec une …

Référence :

Hadjerrouit, S., “Using wikis to foster collaborative writing: exploring influencing factors to successful implementation”, Proceedings of the International Association for Development of the Information Society (IADIS) International Conference on Cognition and Exploratory Learning in Digital Age (CELDA) (Madrid, Spain, October 19-21, 2012), International Association for Development of the Information Society (IADIS), 2012, pp.132-138.

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